Bayrou votera-t-il Ségolène Royal au 2e tour ?

Publié le par http://charleston.blogs.nouvelobs.com

Les éléments du 1er tour se clarifient. La campagne va commencer avec une plus forte présence du discours de gauche. Le rapport gauche droite est toujours autour de 50-50 en France. La question du 2e tour se décidera à peu de voix en faveur de Ségolène Royal ou de Nicolas Sarkozy. La position de François Bayrou va jouer un rôle certain dans cette campagne. Après avoir accepté de jouer le rôle du 3e homme en concurrence non encore finalisée avec Jean-Marie Le Pen, il devra se définir au 2e tour. François Bayrou est un homme de droite qui a réussi à y attirer une partie de l’électorat des classes moyennes de fonctionnaires du PS. Pour cela il mise sur le réflexe conservateur de la fonction publique en prétendant la soutenir alors tout le monde s’accorde à la réforme de l’État, soit par des négociations comme Ségolène Royal le souhaite, soit par des diktats et une politique de guerre civile comme Nicolas Sarkozy ne peut s’empêcher de préconiser.

 

François Bayrou est un conservateur à un moment où la France a besoin de réforme. Ce n’est pas sur ce plan qu’il pourra départager Ségolène Royal de Nicolas Sarkozy. C’est sur la forme. François Bayrou a été victime de la vindicte de son propre camp, la droite de l’UMP. La droite aurait pu choisir de développer des primaires et probablement choisir François Bayrou plutôt que Nicolas Sarkozy. Elle n’a pas fait de primaires et Nicolas Sarkozy s’est imposé sans débat, ce qui est peu conforme aux traditions en vigueur dans nos pays démocratiques. François Bayrou aurait pu se rallier à Nicolas Sarkozy s’il y avait eu entre eux auparavant un débat. Entre eux, il n’y a donc qu’une affinité électorale pour les mêmes milieux mais pas une affinité de méthode. Le principal problème de François bayrou réside dans ses choix aux législatives. Il est dans une alliance formelle avec l’UMP pour l’élection de ses députés et de lui-même en particulier. Voter Bayrou, c’est voter pour la coalition UMP-UDF qui dirige des municipalités est des conseils généraux. Si François Bayrou appelle à voter Ségolène Royal, il va perdre la plupart de ses députés car l’UMP ne le soutiendra pas aux législatives.

 

Donc François Bayrou ne peut pas appeler à voter pour Ségolène Royal au 2e tour de la présidentielle. Par contre, il est de bonne politique, pour clarifier l’esprit des Français de lui demander de mettre en accord sa rupture avec l’UMP dans le discours avec des actes concrets. Les partisans de Ségolène Royal, au soir du 1er tour, pourront demander aux partisans de François Bayrou qu’ils appellent à voter en bloc contre Nicolas Sarkozy. Un nombre important de partisans actuels de Bayrou se pensent à gauche de manière raisonnable sur le plan personnel et trouve que François Bayrou tient un discours qui leur convient. François Bayrou est, comme Ségolène Royal, partisan du dialogue. Il est pour renforcer nos liens avec une Europe revigorée dans l’esprit de Jacques Delors. Ce sont les deux seuls points communs qui rapprochent Ségolène Royal et François Bayrou. Pour le reste, François Bayrou est en accord avec Nicolas Sarkozy. C’est sur ce terrain que la défaite de Nicolas Sarkozy aux présidentielles pourrait permettre à François Bayrou de devenir le chef de l’opposition parlementaire de droite. Ségolène Royal a déjà montré que sous sa présidence, l’opposition parlementaire jouerait un grand rôle. François Bayrou, comme rénovateur de la droite française serait ainsi le prochain challenger de la gauche aux présidentielles de 2012. De ce fait, sans appeler à voter pour Ségolène Royal, il pourrait tout simplement se poser d’ores et déjà comme le chef de l’opposition à la gauche à la place de Nicolas Sarkozy. Pour ce faire, il n’aurait pas à prendre position avec Chirac pour Nicolas Sarkozy mais défendre son programme qu’il aurait ainsi le temps d’élaborer. François Bayrou sait que Jean-Marie Le Pen propose une droite nouvelle en collaboration avec Nicolas Sarkozy. François Bayrou pourrait proposer une autre vie à la droite française, celle d’un parti conservateur républicain et européen. Il y aurait ainsi un débat réel au sein de la droite française. François Bayrou pourrait ainsi sortir la tête haute du débat actuel qui le présente faussement et contre lui-même comme un homme de gauche pour certains Français.

 

Dans ce cas, François Bayrou devrait laisser la liberté de choix à ses électeurs en mentionnant simplement qu’il est contre les extrêmes, pour les négociations avec les partenaires sociaux et pour une réintroduction de la France dans une Union européenne dynamisée. Il pourrait ainsi prendre la tête d’un grand parti de droite alternatif à un grand parti social-démocrate rénové par Ségolène Royal. Bien sûr, continueraient à exister des formations extrêmes aux alentours de 5% chacune aux pôles du corps électoral. Une réelle alternance gauche-droite serait alors possible en France sans drame et sans troubles sociaux. Comme en Allemagne et au Royaume-Uni. Cette perspective sera offerte par la victoire de Ségolène Royal le 6 mai 2007 face à Nicolas Sarkozy. Ce dernier, battu, serait remplacé par François Bayrou comme chef d’une opposition loyale et constructive qui prendrait immédiatement fin juin 2007 la présidence de la commission des finances de l'Assemblée Nationale.

Publié dans Chroniques Distingays

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